On peut se faire doubler par ses doubles. C’est le cas d’E.T.A. Hoffmann, l’auteur si singulier de Casse-Noisette ou de L’Homme au sable, dont les personnages ont déteint sur la vie. Romantique tardif, il a composé ses contes fantastiques comme une échappatoire à un sentiment d’échec et d’inadéquation. Jusqu’à devenir, pour Sigmund Freud, « le maître inégalé de l’inquiétante étrangeté en littérature ».
Il manquait un biographe inspiré à ce créateur fou de musique et de vin. Spécialiste du romantisme allemand, le romancier Pierre Péju nous raconte la drôle de danse de l’écrivain avec ses fantasmes et ses manques. Il en fait l’un des précurseurs de notre siècle qui efface les frontières entre le réel et l’irréel.
Lecteurs, voici le roman passionnant d’une vie passée à explorer les deux côtés du miroir. À mêler l’angoisse aux décors les plus familiers, le rire au tragique. Pour, finalement, en pied de nez à la fatalité, faire de l’échec la condition même de la réussite.