Cette première œuvre de Le Fanu, parue en 1845, n’avait jamais été traduite en français : elle ne décevra pas les amateurs de thrillers, d’émotions fortes et d’aventures sombres et fantastiques. Dans l’Irlande du début du XVIIIe siècle, la jeune Mary Ashwoode voit ses amours avec le bel O’Connor contrariées par les plans machiavéliques d’un père monstrueux qui veut la spolier de sa fortune et lui faire épouser un barbon ridicule. Puis, après la mort mystérieuse de Sir Richard, elle devient la victime de son fils, un libertin criblé de dettes tombé sous la coupe du sinistre Blarden…
Dans la lignée de Walter Scott et de "La Fiancée de Lammermoor", nous retrouvons ici l’éternel combat de la jeunesse et de l’innocence contre un ordre patriarcal inhumain fondé sur des privilèges de caste et de fortune. Même si les figures pittoresques des domestiques et l’évocation des tripots de Dublin forment un plaisant contrepoint à cet univers oppressant, ce sont l’angoisse et la violence qui dominent. Nuits d’orage, duels, chevauchées, poursuites entretiennent l’atmosphère de frénésie chère au roman « gothique ».