Rares sont les moments où deux civilisations se rencontrent hors des champs de bataille. L’histoire qui se joue au Japon, entre 1868 et la fin du XIXe siècle, est l’un de ces moments magiques. Après plus de deux siècles de quasi isolement, l’Archipel ouvre ses ports. L’Ouest et le Far Est se rencontrent. La guerre est évitée de justesse. L’étranger, auparavant haï et craint, devient conseiller. Loin de s’opposer, modernité et tradition se conjuguent. Leur union permet l’extraordinaire transformation du pays : les seigneurs renoncent à leurs privilèges, les castes disparaissent et le train à vapeur relie bientôt Yokohama à Tôkyô, la nouvelle capitale créée à l’Ouest.
La photographie vient d’être inventée : elle sera à la fois le témoin et l’acteur de cette rencontre. L’empereur pose devant l’objectif en uniforme occidental. Les studios photographiques se multiplient. L’ancien samouraï et le commerçant portent le chapeau melon et se font tirer le portrait. Derrière la chambre photographique, l’œil est d’abord occidental puis japonais. Le Japon apprend vite. Les tirages noir et blanc sont coloriés à la main par des dizaines d’artisans utilisant les mêmes pigments que ceux servant aux estampes.
Pour les voyageurs étrangers, c’est la découverte d’un pays encore mystérieux. Ils s’étonnent des bains chauds, des plats de poisson cru et des hommes qui courent durant des heures, chaises à porteur sur l’épaule. Au-delà de leur attrait pour l’exotisme, ils témoignent de leur curiosité, de leur enthousiasme et de leur méfiance de l’inconnu.
La découverte de l’autre, de celui qui est différent, est au cœur de cet ouvrage. Des images rares et magnifiques.