Maternité et écriture ne font pas toujours bon ménage. L’une paraît menacer l’autre, et vice-versa. Comment marier la blancheur du lait à la noirceur de l’encre ? Comment préserver son indépendance tout en berçant sa progéniture ? Ainsi lorsque Elif Shafak, à la naissance de sa fille, sombre dans une dépression, six petites créatures têtues et véhémentes l’accompagnent. Ces dames, voix intérieures de l’auteur – et l’on pourrait dire de toute femme –, exposent avec détermination, intelligence et humour leur conception du monde et de la féminité. De Miss Cynique Intello à Miss Ego Ambition, de Miss Intelligence Pratique à Dame Derviche, de Maman Gâteau à Miss Satin Volupté, la femme d’hier, d’aujourd’hui et de demain s’exprime dans ses contradictions et ses rêves.
Elif Shafak témoigne ici avec brio de la crise d’identité à laquelle peuvent être confrontées les femmes lorsqu’elles veulent à la fois être mères et créatrices. Évoquant ces hautes figures de la littérature que sont Virginia Woolf, Simone de Beauvoir et Doris Lessing, Lait noir est aussi un portrait de la société turque dans sa double dimension : orientale et occidentale.
Tout autant roman qu’autobiographie, voici le livre le plus grave et le plus drôle, le plus iconoclaste et le plus intime de l’auteur, qui réinvente la femme, pour nous dire que tout lui est possible.