PRIX LANDERNEAU DÉCOUVERTES 2014
« Je suis une vieille qui vacille, titubante et méchante, tordue par la douleur, sans doute. Je ne sourcille pas, je bouge à peine. Hébétée, j’ai comme un premier pied dans la tombe. Je distribue çà et là des sourires perdus et las, parfois mes traits tendus deviennent cruels, il faut dire que je suis invivable depuis la maladie d’Henri et l’on peut bien me comprendre. La souffrance et la mort qui rôdent dans la maison depuis un an m’ont rendue toujours plus morne et grinçante. Toujours plus vivante en somme, voici une année que cela dure, Prune, et tout s’est achevé cet après-midi ».
Au retour de l’enterrement de son mari, Magda, submergée par une rage sourde plus que par la peine, regarde avec dureté la petite troupe rassemblée chez elle après la cérémonie. Comme une obsession, le récit intérieur émerge, les souvenirs se bousculent. Ceux de l’enfance et de la jeunesse aux côtés de Prune, l’amie de toujours, dans le Paris des années trente. Leurs deux familles réunies, l’insouciance et la joie de vivre, les incompréhensions et les déconvenues, aussi. Puis c’est la guerre, l’Occupation. Et la vie d’après. Au fil du récit, l’image du père de Magda se fait omniprésente ; un père qui choisit, après la guerre, de se murer dans le silence. Que s’est-il passé que Magda n’ait jamais su ? Sur quels non-dits et quels décombres a-t-elle dû construire sa vie ?