Il suffit de peu pour entrer dans le royaume de l’étrange, pour que l’angoisse devienne notre pain quotidien. De peu, vraiment. D’un rat dormant de son dernier sommeil aperçu un matin dans un caniveau londonien, d’un chien étique et obsédant. Une vision dérangeante peut faire vaciller le réel et déclencher une sarabande d’hallucinations. Le narrateur d’Animals en fait l’expérience. Quelques secondes suffisent à le métamorphoser en un exalté, un fou, un possédé à deux doigts du meurtre. Passé maître dans l’art d’explorer les arcanes de l’âme humaine et de traquer les démons intérieurs, Keith Ridgway ne pouvait que donner densité, ampleur et beauté à ce cauchemar éveillé qu’est Animals. Le roman peut se ranger au côté du fameux Horla de Maupassant. C’est dire s’il a toutes les chances de devenir un livre culte.