Caspar est peintre, mais ce sont les mots qui en secret gouvernent son existence. L'Angleterre des années 50 fête et conspue tout ensemble cet intellectuel qui a cru trouver sa voie dans le sillage du surréalisme. Il vient de rééditer le roman de sa vie, un roman qu'il a écrit comme il peint : par touches narratives associées selon les arcanes du hasard objectif, par un cheminement d'images qui voudraient s'ouvrir spontanément à la dictée de l'inconscient. Mais on ne joue pas impunément avec les idées d'une époque, et la schizophrénie vous guette pour peu que vous vous accomodiez des habits d'emprunt offerts par l'air du temps. La machinerie de ce théâtre de masques, peuplé malgré tout d'êtres de chair et de sang, ne tardera pas, on le devine, à se dérégler : surtout quand survient la Femme, que l'on appelait de ses vœux – mais qui aura vite fait de troubler le nouvel ordre voulu par la raison déraisonnante.
Tristan et Don Quichotte se retrouvent sous la défroque de Caspar, qui manquera mourir d'avoir trop aimé l'Amour – et d'avoir laissé fuir celle qui aurait pu, tout simplement, donner corps à la plus ordianire des passions.
La critique anglo-saxonne a salué d'enthousiasme ce roman où revit tout un monde qui date à peine d'hier : monde qui n'avit peur de rien, sinon peut-être de la solitude.