Le monde d'André Beucler est par excellence celui de l' "entre-deux-geurres". Croire qu'il serait pour cela loin de nous relève d'une curieuse déformation d'optique. Ne vivons-nous pas aujourd'hui, à notre façon, entre deux guerres, illusionnés par force sur ce que nous réserve demain? Les paysages et les intérieurs que nous décrit Beucler ont parfois la grisaille des renoncements. La France était alors fatiguée par la victoire de ses armes - chers payées - et se reposait tout ensemble sur ses lauriers et dans ses pantoufles. Elle rêvait mollement d'ordre et de paix, et se préparait de la sorte à cruellement déchanter. Quelques esprits libres en appelaient aux valeurs du beau désordre - soucieux sans doute de réveiller en douceur leurs contemporains. Ces derniers auraient mieux fait de les écouter.
La nouvelle qui donne son titre au présent recueil date de 1925 et avait enthousiasmé Paul Morand. Elle donne le ton. Derrière l'écran de sa feinte légèreté, André Beucler parlait de choses graves. De choses qu'il est peut-être encore bon d 'entendre.