« Je monte. Il est l’heure. La bibliothécaire, assise derrière son bureau, règne sur la pièce déserte. Le moment est venu de lui expliquer la raison de ma présence ici, car la bibliothèque de neurosciences Jean Martin Charcot n’est pas une salle de lecture comme les autres. Ouverte aux étudiants de troisième cycle, aux médecins, aux chercheurs, aux praticiens hospitaliers et paramédicaux.
À moi aussi, paraît-il, mais sur demande motivée.
La veille au téléphone, j’ai menti à cette femme, ne pouvant me résoudre à avouer quelle sorte de quête était la mienne, sur quelles traces je me penchais. Sur quelles traces n’est pas vraiment l’expression appropriée, elle évoque un enquêteur, et un enquêteur n’a pas peur. Un enquêteur cherche la vérité, quand je ne suis pas certaine de désirer autre chose que l’apaisement de celle qui attend dans ma poche, dans le papier kraft. »
Fleuriste dans une station balnéaire, Dominique a l’impression de passer à côté de son existence. À l’aube de la cinquantaine, elle hérite de souvenirs de famille, dont le troublant portrait d’une aïeule inconnue d’elle : Léontine. Le cliché, signé Albert Londe, photographe jadis associé au professeur Charcot à la Salpêtrière, la représente en pleine phase hystérique. Se plongeant dans les archives du célèbre hôpital, Dominique va en découvrir davantage sur cette lointaine parente, sur les siens… et enfin sur elle-même.