En 1876, le ministre de l’Instruction publique charge Émile Guimet d’une mission en Extrême-Orient, qui l’entraînera de l’Inde au Japon, en passant par Shanghai, en compagnie de son ami le peintre Félix Regamey. Huit jours aux Indes, publié dans la célèbre revue de géographie Le Tour du Monde, est caractéristique de l’esprit encyclopédique du futur créateur du musée Guimet. Tissé d’exposés archéologiques, de réflexions d’historien, d’esthète et de philosophe, ce classique du voyage orientaliste et humaniste est emblématique du regard porté sur l’Inde par le visiteur occidental du XIXe siècle. À l’heure où l’on « redécouvre » l’Inde, ce récit permet de mesurer le chemin parcouru de part et d’autre. Émile Guimet (1836-1918), capitaine d’industrie qui prendra en 1887 la tête de Péchiney, est également un musicien accompli et un voyageur dans l’âme. Les relations illustrées qu’il publie font bientôt de lui l’un des personnages incontournables de la vie culturelle française – rédacteur d’études sur les peuples orientaux, adhérent à la Société d’études japonaises, organisateur d’un congrès des orientalistes, puis fondateur du musée Guimet, à Lyon et à Paris.