« Je sais ce que ses grosses mains doivent peindre. Le bon droit du fort. La pathétique capitulation du faible. Pour lui, c’est absolu, une loi de la nature, la vérité. Le paysage extérieur, le paysage intérieur qu’il doit sans cesse créer et recréer. Ses paysages, je les connais depuis toujours. Je les habite depuis toujours. »
Ils sont père et fille, unis à jamais par leur art et par leur culpabilité. Artiste hier célèbre, il est devenu peintre maudit depuis sa condamnation pour le meurtre de sa femme – crime passionnel, a conclu le juge. Libéré, il est retourné vivre auprès de sa petite fille, aussi exigeant, aussi violent, aussi perversement cruel qu’auparavant. Les années passant, il en fait sa complice, son nègre, son souffre-douleur : en un mot, sa créature. Pour elle, il est un dieu, un démon – et son seul horizon. Saura-t-elle malgré tout se libérer de son emprise ?
Pour dire toute l’intensité de cette relation maître-esclave, Sue Woolfe invente une mélodie entêtante et insidieuse, ponctuée de heurts, sans cesse au bord du gouffre.