Les nouvelles ici rassemblées (au nombre de dix) tirent le portrait d'un monde - le nôtre - qu'on aurait bien envie de gifler. Martine Roffinella le fait pour nous, et sans trop retenir sa main. Combien de fois n'avons-nous pas ragé face à l'heureuse tranquillité de la bêtise officielle, aux feintes indignations d'une moralité qui suit le cours des modes, au sentimentalisme béat dont l'époque si bien se repaît ? Une rage que trop souvent nous gardons pour nous, faute d'interlocuteurs avec qui la partager de confiance. Et voici qu'une main secourable ose ici souffleter à notre place toutes ces joues, toutes ces fesses respectables, en s'en prenant avec une prédilection gourmande aux valeurs que notre drôle de société tient pour les plus sacrées : les bébés, les vieillards, la réussite, la mort et ses pompes, la " commisération "... Martine Roffinella crache joliment (c'est-à-dire méchamment) dans la soupe. Le regretté Topor, veut-on croire, aurait aimé cette petite sœur indigne qui ne respecte pas les mêmes dieux que ses voisins, et ne le leur envoie pas dire