« – Que fais-tu avec ce fouet ? me demande Jacqueline en rentrant de son travail. – Rien. J’ai trouvé drôle de l’acheter. La dame de la boutique n’en revenait pas. – Mais il ne te servira à rien... Nous n’avons même pas de chien à la maison. - Pas encore, dis-je simplement. » Celle qui dit « Je » ne tourne pas autour des mots. « J’ai longtemps accepté sur mon corps ce que je rêvais d’infliger aux autres. Des coups. Des punitions méritées. » Un fouet dans sa main va l’aider à inverser en elle le courant du désir, à vivre le sexe autrement que comme une humiliation consentie. Elle écume les quartiers chauds de Paris, puis les quartiers chics – où les dames du meilleur monde, surprises à l’heure du thé, cèdent sous la menace à ses caprices. Perversité, diront les âmes sages. Peut-être, mais c’est qu’aussi la vie – et le monde – ont été conçus par un Dieu pervers... même si nous prétendons l’inverse pour tenter de nous rassurer à bon compte. Une perversité en tout cas qui refuse le mensonge. Et qui ne va pas sans style.
Depuis Marc Cholodenko, rares ont été ceux, ou celles, qui ont osé pareille mise à nu, et qui l’ont fait avec cette belle rage.