« Où bat le coeur d'un navire...
Où niche le coeur d'une femme ? Bien malin qui saurait le dire : sous l'artimon ou le beaupré, sous la misaine ou sous le foc, ou quelque part au centre de l'être ? ... »
En cette fin des années 30, la Sorcière Rouge est l'un des derniers grands voiliers à courir l'aventure dans les dangereux parages de la mer de Bismarck, vaste étendue d'eau semée d'îles ensauvagées, au large de la Nouvelle-Guinée : à coup sûr l'un des coins du globe les plus éloignés de ce qu'on appelle la civilisation.
Au fond de ses cales, une cargaison d'or qui en fait rêver plus d'un... Impossible de résumer les péripéties de cette chasse au trésor incroyablement mouvementée, qui voit s'affronter quelques âmes du plus beau noir, tourmentées par cette violence jamais assouvie qu'on appelle l'esprit d'aventure. Qu'il nous suffise de dire que Garland Roark a réussi à tisser, sous le soleil brutal du tropique, une intrigue qui doit beaucoup de sa magie à son trouble – car chacun en l'affaire mène un combat douteux. La mer seule (évoquée ici par un écrivain qui la connaît de près) ne triche pas ; ce qui ne l'empêche pas de tendre aux uns et aux autres quelques jolis pièges...
Resté longtemps introuvable, le Réveil de la « Sorcière Rouge » (1946), considéré par nombre d'amateurs comme le plus grand roman marin de la littérature américaine depuis Moby Dick, incarne avec la flamboyance des fins de partie les derniers instants d'un monde promis à la mort : celui de ces aventuriers des mers du Sud dont Stevenson, Conrad et quelques autres ont si bien su nous faire partager les grands rêves.