Tirés de leur lit par d'énigmatiques policiers, les habitants d'une ville sont rassemblés dans le hall d'un cinéma. Parmi eux, douze locataires d'une résidence vont se trouver confrontés à des événements sans commune mesure avec ce qu'ils ont jusqu'alors vécu. Obéissant à des ordres étranges et impératifs venus d'une mystérieuse autorité, cette société en réduction se met en marche par des couloirs sans fin, vers le buffet d'une gare pas comme les autres.
Rêve collectif ? Opération publicitaire ? Mystification gigantesque ? Jugement dernier ? Tout au long de leur pérégrination, les « voyageurs » croiront avoir trouvé une réponse à leur angoisse, une solution rassurante conforme à leur mode de pensée ou à leurs croyances, mais chaque fois un événement imprévisible viendra infirmer leurs déductions. Le passé, le présent se mêlent, intimement broyés par une machinerie dont la finalité leur échappe. Insensiblement, l'irrationnel efface les repères d'un monde familier lui-même voué, dirait-on, à la trouble logique du rêve.
Voyage de morts ou de vivants ? L'interrogation subsitera jusqu'au dénouement, imprévisible, à l'image d'un monde où la simple réalité des choses demeure le premier et le dernier mystère.
Humour et cruauté, tempérés par une sagacité non dénuée de tendresse, gouvernent en sourdine ce voyage au bout de la peur, du mensonge et de la dérision : un classique de la littérature européenne, à mi-chemin de Kafka et Buzzati.