Nouvelle-Calédonie vers le mitan de ce siècle. Une plage sous la lune, où la bonne société locale donne un grand bal, tandis que les parias guettent dans la nuit, rêvant de faire tomber les masques. Trois hommes exclus de la fête tentent un impossible retour sur scène, résolus à fomenter quelque mauvais coup, histoire de finir en beauté. A ceci près que la nuit s'amuse souvent à tromper son monde, et que rien ne finit jamais vraiment comme on l'a prévu... Pierre Lestrade (La Montagne des Singes, 1993 - Adagio, 1995) aime égarer son lecteur aux lisières des ombres méchantes, frôler avec lui mystères et interdits. Il l'entraîne ici sur les rives d'un océan propice aux anciennes magies, dans un après-guerre lourd encore de souvenirs mal éteints. Rien n'est dit, et c'est tant mieux, qui permette d'éclairer avec certitude cette parabole noyée de ténèbres : d'où il ressort - peut-être - que l'unique bien commun à tous les hommes, princes ou lépreux, a nom exil.