Simon Hagopian a peur de l'amour. Ce qui ne veut pas dire qu'il est un ennemi de l'amour. D'une certaine façon, on peut même avancer qu'il ne pense qu'à ça. Mais de là à s'y plonger tête baissée... Simon Hagopian a trop de tête pour ne pas se méfier de ses sentiments et de ceux des autres, même s'il cultive de surprenantes naïvetés. Dans la petite ville de province où il a grandi, et où il ne passe sûrement pas pour un Don Juan, il a décidé de consacrer un musée à l'Amour : c'est-à-dire à la seule femme qu'il ait vue, de tout près, aux prises avec l'amour - sa mère Lily... L'enquête que mène Simon autour de sa mère n'est pas tout à fait désintéressée. Simon sait bien qu'en sondant l'âme et plus encore le cœur de Lily, c'est son propre mystère qu'il traque. Et nous ne pouvons, avec lui, nous empêcher de vivre au présent le passé de cette enfant, de cette jeune fille puis de cette femme, puis de cette mère blessée par la vie, qu'il reconstitue avec autant de patience que de trouble. Ainsi sommes-nous invités à une traversée du siècle qui, de départs en retours, n'évoque l'ailleurs que pour exorciser une intime angoisse "d'enfermement" : comme si trop d'amour menaçait sans cesse de tuer l'amour.