Amazonie...! C'est dans le dernier retrait de la grande sylve d'émeraude que Denis Richer est allé à la rencontre d'une tribu insaisissable: les Maïa (apparentés au peuple Yanomami), chassés naguère de leur territoire par les garimpeiros et autres contrebandiers – au nom de cette nouvelle « loi de la jungle » qu'impose, loin des regards indiscrets, notre civilisation conquérante. Il sera le premier Blanc à être accueilli parmi eux. Situation dont il mesure toute l'équivoque : il rêve de les protéger des atteintes de la « barbarie moderne » qui s'emploie à massacrer leur forêt et traque leur liberté ; mais il est aussi, par force, l'ambassadeur de la nouveauté. Son seul atout auprès d'eux : la solitude.
Paria lui-même, à sa façon, gêné par une mauvaise vue qui l'oblige à cheminer en suivant d'autres repères, déchargé de toute « mission », il ne voyage pour personne d'autre que pour lui. Et ses interlocuteurs, confusément, le sentent. Que cherche-t-il en leur compagnie, sinon lui-même? Son récit en tout cas, aussi peu démonstratif – aussi peu « monstratif » – que possible, porte la trace, rare, d'une intimité partagée sans bruit avec le monde sauvage et ses habitants.