Un homme rend quotidiennement visite à son frère qui vient de tenter de se suicider et qui agonise sur un lit d’hôpital. Entre eux, un grand silence qui semble faire écho aux mots qu’ils se sont toujours gardés d’échanger. Mais peut-on jamais se confier à quelqu’un, même à un frère, qui n’a pas fait les mêmes choix intimes que vous, qui ne peut pas partager votre approche du désir ? Celui qui s’apprête à prendre congé avait si bien compris cela qu’il s’était résolu à porter un nom qui n’était pas le sien : on ne décide pas de se faire appeler Sébastien si l’on ne recherche pas la blessure comme une issue.
Celui qui reste n’a plus dès lors qu’à entreprendre, loin du regret et des larmes, la recomposition d’un lien qui jamais n’exista puisque aucun des deux ne sut ou ne voulut le construire – mais dont on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait pu être. Folle entreprise qui n’est pas sans évoquer celle, non moins déraisonnable, à laquelle s’adonne le romancier, cet autre « recompositeur » du réel.