Quelques bons esprits considèrent Sœur Monika comme l'un des plus hauts chefs-d’œuvre de la littérature érotique. Bien rares sont pourtant les lecteurs qui ont eu la chance de goûter aux charmes de ce court roman licencieux dont la paternité fut longtemps contestée, mais que l'on peut désormais avec certitude attribuer à Hoffmann. Point de noirceur cependant dans cette oeuvre du grand « fantastiqueur » qui nous livre ici, sur un ton qui est presque celui du bonheur, les confidences d'une imagination échauffée par l'amour, fruits d'une fantaisie débordante autant que délicieusement provocatrice.
« Comme les textes les plus inspirés du très grand Nerval, comme les récits les plus obscurément illuminés d'Hoffmann, Sœur Monika baigne dans un onirisme continuel, qui tout en appartenant bien sûr au romantisme allemand rattache ce livre à l'esprit moderne autant ou plus que maints chefs-d’œuvre de la même époque. Vertigineux est le temps de tel roman rose, suite de courts moments de phosphore où s'éclairent une belle bouche entr'ouverte, de beaux seins mis à l'air, un beau ventre lisse, une belle croupe prête à recevoir les verges, de belles cuisses écartées, si prestement et avec tant de changements de mains et de poses que l'attention s'y perd et que de réaliste il n'y a strictement plus rien... »
Préface d'André Pieyre de Mandiargues