« Je vais t’écrire tous les jours, Suzanne. J’ai décidé ça ce matin. Le temps passe et je n’y peux toujours rien. Je vais t’écrire pour ne pas oublier : les Dr. Martens de ma mère, Thionville où je suis née, le Sud où j’ai grandi, Bob mon amour, mon premier Olympia, Françoise Hardy et les friands de Sylvie Vartan, mon âge… Je suis devenue celle que je voulais être, la première femme de ma famille à choisir. Je vais t’écrire mes rêves et mes désillusions. Je vais t’écrire parce que tu es encore là. Ta présence, tous les jours, Suzanne, m’a fait du bien comme les mots font du bien. Alors je prends le temps, je vais m’y tenir, c’est une promesse que je nous fais. Ce n’est pas un matin comme les autres, c’est un choix, encore un. Je t’écris, ça me sauve, c’est déjà ça. »
La Grande Sophie s’adresse à « Suzanne », chanson n° 10 de son album La Place du fantôme. À travers une centaine de lettres, elle lui raconte sa détermination de fille de militants qui se rêvait en Catherine Deneuve version Peau d’âne, avec une robe couleur du temps. Plus qu’un autoportrait d’artiste, ce livre est un accès privilégié aux coulisses d’une vie de femme en quête d’une place dans le monde.