Chronique d'une saison torride, dans un coin perdu de la campagne anglaise, vers le milieu des années 80. La sécheresse fait des ravages, le fourrage manque, on abat le bétail. La terre sent le sang et les hommes semblent près de perdre la boule. Comme en temps de guerre, la fièvre de l'instant endort les consciences, terrasse les corps. La jeune Alison, elle-même tourmentée par la sève de son âge, assiste incrédule à la brutale métamorphose des individus qui l'entourent.
La chaleur devient bientôt intenable. On marche la nuit sur des crapauds. Alison, qui s'apprête à partir pour le collège à la fin de l'été, fait ses adieux à un monde qui, pour cette grande occasion, a accepté de baisser le masque.
Par touches mesurées mais violentes, Tim Pears parvient à créer autour de ses personnages et des paysages où ils évoluent un climat d'enchantement – au sens magique et violent du mot. On rit – mais c'est souvent de peur –, on frémit à l'unisson de la nuit étouffante et de ses fantômes, on a les mains moites et le cœur battant. Nul doute, il y a longtemps que les mystères de la campagne n'avaient inspiré un roman à ce point gorgé de sensations.
À recommander à tous ceux qui sont d'avis que la littérature peut s'accomoder de tout, sauf de la tiédeur.
Conclusion de Salman Rushdie, dans un article qui fit quelque bruit : « Un roman superbe: une manière de Cent ans de solitude transposé dans la campagne du Devon. »